Pourquoi les Chiites Imamites lisent-ils et se basent-ils sur le même Coran ?

Démontrer que la croyance en la falsification du Coran est très répandue chez les Chiites va de pair avec l’action de réfutation de certaines affirmations provenant de Musulmans qui ne sont pas au fait des techniques de propagande mensongère émanant des prêcheurs Chiites ou provenant de ces mêmes prêcheurs afin de répondre aux accusations de croyance en la falsification du Coran. En effet, il y a un point qui échappe bien souvent au profane au sujet de la question de la falsification du Coran chez les Chiites Imamites.

Lorsqu’on rapporte les nombreux récits Imamites relatifs à la falsification du Coran et que l’on développe la question, l’on se voit toujours rétorquer par les Imamites aussi bien que par certains Sunnites ignorant de la question :

– « Oui mais si tout ce que vous dites est vrai, pourquoi avons-nous le même Coran ? »
– « Si ce que vous dites est vrai, alors pourquoi lisons-nous et nous basons-nous sur le même Coran ? »
– « Nous lisons pourtant le même Coran que vous ! La preuve, nous l’éditons même en Iran ! »
– « Apportez-nous le Coran version Imamite ! »

Nous tenons à préciser une chose ici : ces différentes réponses peuvent être données aussi bien par :
– L’Imamite ignorant de son propre crédo (et abusé par ses savants).
– L’Imamite fraîchement converti qui lui aussi ignore totalement ce genre de choses et à qui l’on fournit un « kit de propagande »1.
– Le propagandiste Imamite qui croit lui en la falsification du Coran mais dissimule pour des raisons évidentes cette croyance et verse dans la Taqiya.
– Le Sunnite ignorant la croyance Imamite et qui se permet cependant pour diverses raisons2 de parler sur ce sujet en toute ignorance.

Pour répondre à ces objections, nous vous proposons de vous rapporter non pas notre réponse ou avis, mais celui d’un des plus grand savants Imamites, Ni’matullâh al-Jazâ’irî, qui vous éclairera sur la supercherie opérée par les Imamites depuis de nombreux siècles.

Voici donc ce que dit Ni’matullâh al-Jazâ’irî dans son célèbre ouvrage al-Anwâr al-Nu’mâniya :

فإن قلت كيف جاز القراءة في هذا القرآن مع مالحقه من التغيير ، قلت قد روي في الآخبار أنهم عليهم السلام أمروا شيعتهم بقراءة هذا الموجود من القرآن في الصلاة وغيرها والعمل بأحكامه حتى يظهر مولانا صاحب الزمان فيرتفع هذا القرآن من أيدي الناس إلى السماء ويخرج القرآن الذي ألفه أمير المؤمنين عليه السلام فيقرى ويعمل بأحكامه
Et si tu dis : « comment est-il permis de lire de ce Coran sachant ce qu’il a subit comme altérations ? », je répondrai : « Il a été rapporté dans des récits qu’ils3 ont commandés à leur partisans (Chi’a) de lire ce qui est présent de ce Coran dans la Salat et autre et d’œuvrer à travers ses règles juridiques jusqu’à ce qu’apparaisse notre seigneur, le Maitre du Temps4, et il fera élever au ciel ce Coran qui se trouve entre les mains des gens et il sortira le Coran, compilé par le Commandeur des Croyants (Ali) as et [les gens] réciteront [de ce Coran] et œuvreront de par ses commandements5« .

Les propos de Ni’matullâh al-Jazâ’iri enseigne une Nième méthode de tromperie au lieu tout simplement de se repentir et de revenir sur cette croyance abjecte à propos du Coran, ce savant parmi les plus importants de la communauté Chiite et ce à travers les siècles, ose rapporter des récits Chiites attribués faussement aux descendants du Prophète encourageant leurs partisans à lire le Coran actuel falsifié en attendant l’arrivée du Mahdi et du vrai Coran intact et vierge de toute altération.
On apprend donc qu’il existe un Coran avec un petit ‘c’ celui falsifié par les Compagnons et afin de passer inaperçus, les Imamites sont priés de l’utiliser pour la forme : de le lire et de se baser dessus… en attendant que l’Imam Occulté arrive avec le Coran avec un grand C, le vrai celui qui n’a pas été altéré.

Le Cheikh al-Mufîd lui aussi parmi les plus éminents savants Chiites toutes époques confondues encourage la masse Chiite à lire le Coran actuel jusqu’à l’arrivée du vrai Coran non falsifié. Il est pourtant parmi ceux que les prêcheurs Chiites citent lorsqu’ils fournissent une liste de savants Chiites rejetant la thèse de la falsification du Coran et aurait dit les propos suivants :

Dans son livre « Kitâb al-Maqâlât », à la fin du chapitre « Al-Khitâb », al-Chaykh al-Mufîd écrit qu’un groupe d’Imamites affirme qu’il ne manque au Coran aucun mot, aucun verset ni aucune sourate et que seules ont été supprimées l’exégèse du Coran et l’interprétation de ses significations qu’Amîr al-Mu’minîn (l’Imam ’Alî) avait faites à la lumière de la Révélation et qu’il avait notées en marge de sa copie.

Même si rien ici ne dit que le Cheikh al-Mufid rejette cette croyance, cette citation est contenue dans un texte de propagande Chiite destiné à réfuter cette thèse du Coran falsifié avancée par les Sunnites pour confondre les Chiites.
Voici pourtant ce qu’il dit dans une autre de ses oeuvres :

المسألة التاسعة: صيانة القرآن من التحريف ما قولة – أدام الله تعالى حراسته – في القران: أهو ما بين الدفتين، الذي في أيدي الناس، أم هل ضاع مما أنزل الله تعالى على نبيه منه شئ، أم لا؟ وهل هو ما جمعه أمير المؤمنين عليه السلام، أم ما جمعه عثمان بن عفان على ما يذكره المخالفون؟

الجواب: لا شك أن الذي بين الدفتين من القرآن جميعه كلام الله تعالى وتنزيله، وليس فيه شئ من كلام البشر، وهو جمهور المنزل. والباقي مما أنزله الله تعالى عند المستحفظ للشريعة، المستودع للاحكام، لم يضع منه شئ . وإن كان الذي جمع ما بين الدفتين الان لم يجعله في جملة ما جمع لاسباب دعته إلى ذلك، منها: قصوره عن معرفة بعضه. ومنها: شكه فيه وعدم تيقنه . ومنها: ما تعمد إخراجه منه. وقد جمع أمير الؤمنين عليه السلام القرآن المنزل من أوله إلى آخره، وألفه بحسب ما وجب من تأليفه، فقدم المكي على المدني، والمنسوخ على الناسخ، ووضع كل شئ منه في محله . فلذلك قاد جعفر بن محمد الصادق عليهما السلام:  » أما والله لوقرئ القرآن كما أنزل لالفيتمونا فيه مسمين كما سمي من كان قبلنا  » . وقال عليه السلام:  » نزل القرآن آربعة أرباع: ربع فينا، وبع في عدونا، وربع سنن وأمثال، وربع فرائض وأحكام، ولنا أهل البيت كرائم القرا ن  » . لزوم التقيد بما بين الدفتين غير أن الخبر قد صح عن أئمتنا عليهم السلام أنهم أمروا بقراءة ما بين الدفتين، وأن لا يتعداه إلا زيادة فيه ولا نقصان منه حتى يقوم القائم عليه السلام فيقرأ للناس القرآن على ما أنزله الله تعالى وجمعه أمير المؤمنين عليه السلام . وإنما نهونا عليهم السلام عن قراءة ما وردت به الاخبار من أحرف تزيد على الثابت في المصحف لانها لم تأت على التواتر، وإنما جاء بها الاحاد، وقد يغلط الواحد فيما ينقله. ولانه متن قرأ الانسان بما خالف ما بين الدفتين غرر بنفسه وعرض نفسه للهلاك. فنهونا عليهم السلام عن قراءة القرآن بخلاف ما ثبت بين الدفتين لما ذكرناه
Neuvième question : Au sujet de la préservation du Coran de la falsification, quel est l’avis du Cheikh, qu’Allah vous protège continuellement, au sujet du Coran ? Est-ce que le Coran est celui qui entre les deux couvertures, qui est entre les mains des gens ? Ou bien est-ce qu’il a été perdu quelque chose de ce qui a été révélé par Allah le Très Haut à son Prophète ? Et est-ce que le Coran est celui qui a été compilé par le Prince des Croyants (as) ? Ou ce qui a été compilé par Othman ibn Affan comme le rapportent nos opposants ?
Réponse : « Il n’y a aucun doute que tout ce qui se trouve entre les deux pages de couverture du Coran est la parole d’Allah et Sa révélation, il ne contient aucune parole humaine et il correspond en grande majorité à ce qui a été révélé. Et le reste de ce qui a été révélé (par Allah) se trouve auprès du Préservateur de la Chari’ah et Gardien des Règles de jurisprudence Islamique (le Mahdi) sans que rien n’ait été omis, bien que celui (Othman ) qui a compilé ce qui se trouve entre ces deux pages de couverture n’a pas intégré cette révélation dans sa compilation du Coran, cela pour différentes raisons comme : son ignorance de certaines d’entre elles (les autres révélations coraniques), ses doutes à son sujet et son manque de certitude, ou encore ce qu’il a délibérément supprimé (du Coran). Tandis que l’Émir des croyants (Ali ) a compilé le Coran du début jusqu’à la fin, et a assemblé les versets comme ils devaient l’être, il a fait devancer les versets mecquois sur les versets médinois, les versets abrogés suivis des abrogeants et il y a mis chaque chose à sa place. C’est pour cette raison que Ja’far Ibn Muhammad as-Siddiq (alayhi salam) a dit : « Par Allah si le Coran était lu comme il a été révélé, vous y trouveriez nos noms comme ceux qui nous ont précédés ont été nommés ». Il a dit également : « Le Coran a été révélé en quatre parties » : un quart à notre sujet, un quart au sujet de nos ennemis, un quart au sujet des sunnan et des exemples (histoires) et un quart au sujet des obligations et lois (règles juridiques), et nous autres Ahl al-Bayt sommes les merveilles du Coran (c’est-à-dire le meilleur quart). » Des Hadiths authentiques de nos Imams nous ont été transmis dans lesquels ils nous ont ordonnés de lire ce qui se trouve entre les deux pages de couvertures (al-Dafatayn) et que nous ne devions avoir recours à aucun autre écrit, que ce soit des ajouts ou des retraits jusqu’à ce que al-Qaïm (le Mahdi) n’apparaisse et il lira la Coran tel qu’il a été révélé et tel qu’il a été compilé par l’Émir des croyants (Ali ) et ils nous ont interdit de lire ce qui se trouve d’additions dans le Mushaf  (Coran) par l’intermédiaire des récits compilés (Akhbar) car ils ne nous sont pas parvenus de manière Mutawatir6 mais plutôt de manière Ahad (singulière)7 et une personne aurait pu commettre des erreurs en transmettant (le ou les récits), et lorsqu’une personne lit ce qui ne se trouve pas entre les deux pages de couverture du Coran, il se trahit lui-même et il s’expose à la mort. Par conséquent, ils (as) nous ont interdit de lire du Coran ce qui est contraire à ce qui se trouve entre les deux pages de couvertures8.

Le Cheikh al-Mufid rappelle clairement qu’il est interdit de lire plus que ce qui a été compilé par le Calife Othman jusqu’à l’arrivée du Mahdi qui possède la totalité de la révélation coranique. Au lieu de renier ces croyances monstrueuses au sujet du Coran, il ne renie pas l’existence du Coran véritable auprès du Mahdi et confirme qu’il manque des passages dans la compilation faite par le Calife Othman ibn Affan , cependant il ne faut pas l’ébruiter au risque de se faire accuser ou de subir des attaques de la part de leurs opposants qui ne sont autre que les Sunnites.
Et ces deux savants de part leur importance au sein du clergé Imamite suffisent à eux-seuls9 à prouver que cette croyance n’est pas marginale mais plutôt bien ancrée au sein de la communauté Chiite. L’on se demande le pourquoi de la révélation du Coran au Prophète Mohammad , si finalement le Coran est destiné à rester dans l’obscurité d’une grotte jusqu’à la fin du monde en compagnie de l’Imam occulté !
Alors que le Seigneur Très-Haut a dit :

۞Ô gens ! Certes une preuve évidente vous est venue de la part de votre Seigneur. Et Nous avons fait descendre vers vous une lumière éclatante10
  1. Qui consiste à dénigrer les Compagnons, en particulier les Califes et leurs filles comme Aïcha ou Hafsa , ou copier-coller des passages de différents livres de propagande comme celui du bien-guidé Tîjâni ou encore celui de Charafeddîn Mûsawi et ses Correspondances fictives.
  2. La principale, louable au demeurant, est d’éteindre pour lui les germes de la division et assimile ces « accusations » à des calomnies proférées par des gens sectaires, « Wahabites » bien entendu, pour dénigrer tel ou tel mouvement.
  3. Ils désignent ici les Imams Infaillibles
  4. « Maître du Temps » : appellation donnée par les Imamites à l’Imam occulté. Il est fait référence ici à sa sortie de la Grande Occultation qui dure d’après les imamites depuis plus d’un millénaire.
  5. al-Anwâr al-Nu’mâniya de Ni’matullâh al-Jazâ’iri, vol 2 page 363
  6. Les narrateurs de cette catégorie de Hadith étant très nombreux ne peuvent s’accorder sur un mensonge.
  7. Les narrateurs ici ne sont pas aussi nombreux que dans le Hadith Mutawatir.
  8. Al-Masa’il al-Sarawiya de Cheikh al-Mufid, Pages 78-79
  9. Même si d’autres savants Chiites ont émis les mêmes propos.
  10. Sourate an-Nissa (Les femmes), verset 174

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